Les Clés de Vénus

Les mycoses

Souffrir d’une mycose est assez fréquent et peut engendrer des dyspareunies (douleurs pendant l’amour).

Cependant, aussi fréquentes soient-elles, les mycoses ne sont pas l’unique cause de douleurs sexuelles ! Malheureusement, certains gynécologues collent l’étiquette « mycose » à la moindre douleur ou gêne vulvaire, sans symptômes réels et sans analyse. N’hésitez donc pas à demander des examens médicaux et un second avis médical si nécessaire.

Définition et symptômes

C’est une infection des organes génitaux par un champignon. Elle est extrêmement fréquente et banale, notamment chez la femme. Le champignon en cause est pratiquement toujours le candida albicans. On parle dans ce cas de candidose.

L’infection survient le plus souvent de façon endogène (=d’une cause interne), liée au développement de candida déjà présents dans le vagin ou sur la peau. Elle peut également survenir de façon exogène (=d’une cause externe), par exemple dans le cadre d’une contamination par voie sexuelle, ou bien en allant à la piscine ou au bord de la plage… Il est donc possible de développer une mycose même si on n’a jamais eu de rapports sexuels.

L’infection mycosique génitale peut être épisodique ou récurrente. Une infection est dite récurrente à partir de quatre crises prouvées par an.

Chez l’homme, la candidose se manifeste par une inflammation avec démangeaisons du gland et du prépuce. Dans les cas extrêmes, ces lésions peuvent évoluer vers un phimosis avec écoulement purulent. Mais la plupart du temps, l’infection est inapparente chez l’homme.

Chez la femme, il s’agit d’une infection de la vulve et du vagin (vulvo-vaginite) avec pertes blanches assez épaisses et inodores, et démangeaisons s’accompagnant de brûlures locales et de douleurs pendant les rapports sexuels. Ces symptômes sont exacerbés dans les jours qui précèdent les règles. Les pertes blanches ont l’aspect typique dit du « lait caillé ».

Facteurs de risques

Le vagin comporte, à l’état normal et pour son équilibre, des germes regroupés sous le terme de « flore de Döderlein ». Cette flore se compose de plusieurs germes, principalement le lactobacillus. La cohabitation bactérienne maintient un milieu acide du vagin (le Ph se situe entre 4 et 5) qui permet la lutte contre l’infection. Le déséquilibre de ce système transforme le milieu hostile en milieu accueillant permettant aux différents organismes ou germes de se développer et de provoquer des infections de manière épisodique ou régulière.

Certaines femmes sont prédisposées au développement infectieux :

  • prise d’antibiotiques, de corticoïdes ;
  • fatigue, maladie, stress ;
  • défenses immunitaires affaiblies ;
  • diabète.

À noter que la période des règles, la prise de pilule et la grossesse peuvent également favoriser le développement infectieux.

En prévention, et afin de favoriser un équilibre de cette flore, il est possible de prendre des extraits de pépins de pamplemousse trois fois par jour et des probiotiques par voie vaginale (Gynophilus, par exemple) quotidiennement.

Causes

La mycose vulvo-vaginale est provoquée par des levures type candida : albicans (dans près de 95 %), glabrata, tropicalis, torulopsis, krusei, stellatoides, etc. Le candida est naturellement et physiologiquement présent dans l’intestin, et donc dans les voies génitales (vulve et vagin) par contact (toilette, caresse sexuelle). Il s’agit donc d’une infection par ses propres germes, déjà présents dans le corps.

Le passage de la forme inoffensive (levures naturellement présente dans le vagin) à la forme agressive (mycoses) avec apparition de signes anormaux dépend en partie de la qualité des défenses naturelles de la personne touchée.

Dans 60 % des cas, l’origine de la mycose est interne, le problème vient de la femme elle-même et d’un déséquilibre de sa flore vaginale ; dans un tiers des cas, la contamination provient de l’extérieur, par contact sexuel ou par contact avec un objet infesté.

Diagnostic

Le diagnostic est souvent fait dès l’interrogatoire médical. L’examen standard (inspection de la vulve, examen du col et du vagin avec spéculum) permet au spécialiste de constater la présence de lésions. Cet examen peut être pratiqué par un médecin généraliste, un gynécologue ou un dermatologue.

Les analyses et examens complémentaires, effectués suite à un prélèvement, ne sont pas indispensables au diagnostic, mais permettent de confirmer celui-ci. Il est préférable d’y avoir recours si l’aspect est inhabituel, si les symptômes sont discrets, s’il y a un doute avec un autre diagnostic ou si l’infection résiste à plusieurs traitements bien conduits.

Si l’examen au spéculum est impossible en raison de votre vaginisme ou d’une vulvodynie, sachez qu’il est possible d’effectuer des prélèvements avec un simple Coton-Tige.

Veillez à être sûre du diagnostic avant de prendre un traitement antifongique. En cas d’absence de mycose, non seulement le traitement est inutile, mais il attaque fortement la flore vaginale, pouvant entraîner par la suite irritations ou vulvites. Malheureusement, beaucoup de gynécologues collent l’étiquette « mycose » à la moindre douleur ou gêne vulvaire, sans symptômes réels et sans analyse. Il est donc préférable d’effectuer des prélèvements ou demander un second avis médical.

Traitements

Le traitement est la plupart du temps local : ovules, comprimés vaginaux, crèmes ou gels sont efficaces et ont relativement peu d’effets secondaires. Le traitement du partenaire n’est pas systématique s’il/elle ne présente pas de symptômes. Il sera cependant utile en cas de récidives fréquentes.

Peuvent donc être prescrits :

  • des ovules vaginaux pendant 1 à 3 jours, à renouveler parfois au bout de quelques jours ;
  • des crèmes ou laits antifongiques à appliquer généreusement sur la vulve ou sur le gland pendant 10 jours ;
  • un savon gynécologique spécial (basique) afin de calmer les irritations ;
  • un traitement par comprimés en cas de récidives fréquentes. (En effet, un foyer de candida présent au niveau digestif peut être la cause d’infections gynécologiques à répétition. L’éradication du champignon permet d’enrayer le phénomène.) ;
  • un traitement préventif en cas de prise d’antibiotiques chez les femmes présentant des candidoses fréquentes. (En effet, lors d’un traitement antibiotique, un déséquilibre de la flore vaginale peut survenir, favorisant ainsi le développement de candidoses.).

Mesures d’hygiène préventives

Le respect de quelques mesures d’hygiène favorise la guérison et permet d’éviter les récidives.

Habillement : 

  • Changer quotidiennement de sous-vêtements.
  • Utiliser des sous-vêtements en coton.
  • Éviter les vêtements collants, moulants, étriqués, car ils favorisent la macération et augmentent ainsi l’acidité locale.
  • Pour détruire toutes les mycoses, laver ses sous-vêtements à 60 °C, ou les repasser, ou les vaporiser avec un spray type Pévaryl®.

Toilette intime :

  • Ne pas utiliser les savons dits de « toilette intime » vendus dans le commerce, dont le pH acide favorise le développement des candidoses ; utilisez plutôt un savon sans parfum à pH neutre (Dermactive® gel intime, Hydralin apaisa®, Saforelle®, Fémina®, Saugella rose®). Mais un véritable savon de Marseille, sans parfum, est idéal. Il est également possible de rajouter des huiles essentielles de tea tree ou de lavande dans son savon, ou de l’extrait de pépins de pamplemousse dans l’eau de rinçage.
  • Ne pas effectuer plus de deux toilettes intimes par jour, une seule étant généralement suffisante.
  • Bien se sécher la vulve après la toilette.
  • Changer de gant à chaque toilette.
  • Ne jamais introduire d’eau ni de savon directement dans le vagin.
  • S’essuyer d’avant en arrière pour éviter de ramener des germes de l’anus au vagin.

Conseils pratiques :

  • Éviter ce qui peut provoquer des irritations locales.
  • Éviter les rapports sexuels sans préservatif pendant le traitement.
  • Éviter l’exposition fréquente à l’eau de piscine ou de mer.
  • Éviter les tampons qui peuvent irriter la paroi vaginale par le contact prolongé et qui empêchent l’écoulement naturel du flux menstruel, ce qui favorise la macération ; le port de serviettes hygiéniques changées fréquemment est préférable.
  • Éviter le port quotidien de protège-slips.
  • Éviter les régimes trop sucrés.

Texte relu et validé par une gynécologue le 31 mars 2014.

Défilement vers le haut